Basé à Cologne et fondé en 2007, ce
power trio se revendiquant des influences allant de John Lee Hooker aux Stones en passant
par les Beatles (on en retrouve des sonorités en intro de 'Hard Times') ou Hendrix sort
cette année son second essai studio. Pourtant à l'écoute, la musique de Soulmatic
évoquera plutôt leurs homologues américains JJ Cale et Mark Knopfler pour le finger
picking et le timbre de voix, fluet et plus parlé que chanté.
Privilégiant les formats courts et les rythmiques mid ou up-tempo,
"Mighty River" s'écoute avec un certain plaisir, malgré quelques longueurs,
parfois léger comme sur un opener au côté folk américain très lumineux (les nappes de
claviers apportent de la profondeur et un côté rock à l'ensemble) ou sur les
sautillants 'Call Me Baby' et 'Keep On Rock'n', parfois plus rugueux comme sur le
bondissant 'Up And Down The Hill' qui laisse place à quelques belles saillies de guitare
(trop rares dans cet album de blues) ou 'Nagasaki Girl' qui voit le groupe donner de
l'adrénaline sur des churs lunaires évoquant nos chers B 52'S??. Et quand nos
Saxons anglophones donnent dans le blues, le vrai, le pesant, ils s'en sortent avec les
honneurs comme sur 'Stormy Monday' et à moindre mesure 'Boderline'.
Nos amis tapent donc allègrement dans de nombreux styles (la
rythmique reggae du final 'Sad Songs On The Radio') souvent issus de la culture
américaine (le groovy et riche en churs 'I'm Outta Here'). Après tout c'est de
bonne guerre, l'oncle Sam leur ayant piqué il y a longtemps déjà le fameux hamburger !
Il y a du plus faible également dans cet album sans doute trop
rempli, sans pour autant devenir inintéressant, comme 'You Are The Only One' ou 'Out On
The Streets' et le titre éponyme qui justement dévoilent la faiblesse de Werner quand il
s'attaque à une ligne de chant trop mélodieuse. Le refrain de ce dernier gâche
sérieusement la fête car ce titre, tout en accords résonnant sur une rythmique
enlevée, possède au départ un certain cachet.
Mais dans l'ensemble, cela reste ici un détail même si à l'avenir
notre chanteur aurait tout intérêt à travailler sa voix, voire plus probablement
abandonner le registre plus mélodique dans lequel il est visiblement peu performant.
Du blues allemand, eh bien oui, ça fonctionne même si la culture
locale est totalement absente ici, jusque dans la langue.